Théorie U
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La théorie du U est une théorie du changement et un cadre de changement. Elle a été développée par Otto Scharmer, professeur et économiste au Massachusetts Institute of Technology, pour expliquer le phénomène de changement qu’il observait dans le monde.
Cette théorie du changement est axée sur l’état intérieur de la personne qui effectue le changement, qui est essentiel à la qualité du changement qu’elle essaie d’apporter. M. Scharmer indique avoir été influencé par Bill O’Brien, ancien président-directeur général d’Hanover Insurance, lorsqu’il a dit que la réussite d’une intervention dépend de l’état intérieur de l’intervenant.
Vous ne pouvez pas changer un système sans changer vous-même. Nous faisons partie des systèmes que nous souhaitons changer et contribuons à leur création et à leur maintien. La théorie du U a recours au modèle de l’iceberg pour expliquer que nous faisons partie des systèmes.
Les symptômes se trouvant au-dessus de l’eau montrent seulement 10 % environ du portrait. Lorsque nous voyons des événements ou des symptômes comme les changements climatiques, la pauvreté ou la discrimination systémique, il peut être difficile de comprendre comment nous pouvons collectivement continuer à créer ces résultats que personne n’affirmerait souhaiter.
Cependant, sous l’eau, nous voyons qu’il existe des systèmes et des structures qui font en sorte de créer les conditions nécessaires pour que ces symptômes apparaissent. Par exemple, si nous prenons les symptômes des changements climatiques (réchauffement climatique, acidification des océans, toxicité dans l’eau et dans l’air, etc.), nous pouvons voir que des systèmes et des structures comme l’industrie mondiale des combustibles fossiles (qui peut être divisée en d’autres industries, comme l’industrie automobile, l’industrie du transport de marchandises et l’industrie des voyages aériens) peuvent être considérés comme un élément important des systèmes et des structures qui perpétuent et créent les conditions qui causent les symptômes des changements climatiques. Les participants peuvent souligner que l’industrie et les structures politiques et économiques jouent aussi un rôle dans la création de ces conditions.
Comment se fait-il que ces systèmes et structures existent? Pourquoi ne prenons-nous pas collectivement la résolution de les modifier? Parce que ce sont nos systèmes collectifs de croyances et de valeurs qui créent et maintiennent ces systèmes et structures. Par exemple, nous pouvons croire que nous avons besoin d’une (ou de deux) voiture pour exister dans le monde, et nous pouvons accorder davantage de valeur à l’individualisme et à l’autonomie qu’au collectivisme, qui aurait plutôt permis de créer davantage de modèles d’autopartage. Ces systèmes et structures que nous voyons, même s’ils nous semblent odieux, existent seulement parce que collectivement, une majorité d’entre nous ou un grand nombre de ceux qui ont le pouvoir, ont des valeurs et des croyances qui constituent une justification épistémologique.
Sous nos valeurs et nos croyances se trouvent les paradigmes de la pensée, soit des modèles mentaux qui constituent le fondement de nos valeurs et croyances collectives. Ces paradigmes de la pensée transcendent la culture et la langue; ils sont représentatifs de l’ère à laquelle nous vivons collectivement. Par exemple, les paradigmes de la pensée actuels sont le néo-libéralisme et le capitalisme tardif, et ces influences s’étendent partout sur la planète depuis des centaines d’années. On peut les comparer aux grandes plaques tectoniques du plancher océanique : elles sont immenses et lourdes, et nous n’arriverons pas à les déplacer de sitôt. Le néo-libéralisme et le capitalisme tardif se caractérisent par la privatisation, le libre-échange, la déréglementation des marchés et la propriété privée.
Le levier des efforts de changement se trouve donc au niveau des valeurs et des croyances. La modification des paradigmes de la pensée est un travail trop colossal, et si on se concentre sur les systèmes et les structures (sur lesquels les initiatives de changement sont généralement axées), le travail ne sera pas fait suffisamment en profondeur. Si les changements se produisent au niveau des systèmes et des structures sans que soient modifiées les valeurs et les croyances qui les maintiennent depuis toujours, le système revient généralement en place brusquement. Nous avons plein pouvoir sur le niveau des valeurs et des croyances et il s’agit par conséquent du plus important levier de changement. Être en mesure de changer nos propres valeurs et croyances, ce qui a des répercussions sur nos interactions avec le système, est le plus important levier dont nous disposons pour apporter des changements. C’est pourquoi la théorie du U est aussi axée sur l’état interne de la personne qui effectue le changement.
La théorie du U, qui constitue un cadre de changement, compte trois mouvements et cinq phases.
Les trois mouvements sont les suivants :
Observer, observer, observer, qui vous amène du côté gauche du U.
Se retirer et réfléchir, qui se produit dans le bas du U.
Agir instantanément, qui vous amène du côté droit du U.
Les cinq phases sont les suivantes :
Co-initier. Créer un espace partagé pour qu’une intention commune se manifeste.
● Quel est mon/notre intention?
● Qui sont mes pairs?
● Vous écoutez ce que vous dit le système, ce qui se présente à vous?
Co-sentir. Poser des questions et établir des liens.
● Tenir des conversations que vous n’auriez pas normalement.
● Vous mettre en position d’apprendre.
Être présent. Un moment-seuil, un moment de transformation.
● Lâcher prise et laisser venir.
● Qui est mon vrai moi et quel est mon travail?
Co-créer. Cristalliser les moments de révélation qui surgissent de la présence.
● Prototyper les idées de projets.
● Ensuite, créer encore d’autres versions et prototypes.
Co-évoluer. Mettre les idées à l’échelle.
● Créer des réseaux d’initiatives de changement.
● L’idée selon laquelle la marée montante fait flotter tous les bateaux.
C’est donc de cette FAÇON qu’on travaille avec la théorie du U. Mais de quoi avons-nous BESOIN pour travailler avec celle-ci? Quelles caractéristiques personnelles devons-nous cultiver pour arriver à réaliser le processus? Nous avons besoin d’un esprit ouvert, d’un cœur ouvert et d’une volonté ouverte.
Plutôt que d’adopter un esprit ouvert, nous écoutons souvent la voix du jugement.
Il faut suspendre le jugement et faire preuve de curiosité.
Plutôt que d’avoir un cœur ouvert, nous écoutons souvent la voix du cynisme.
Il faut suspendre le cynisme et faire preuve de compassion, de gentillesse et d’empathie.
Plutôt que de faire preuve de volonté ouverte, nous écoutons souvent la voix de la peur.
Il faut suspendre la peur pour être en mesure de se diriger vers des territoires inconnus sans avoir à contrôler le résultat.
Ce sont les voix qu’il faut faire taire et les énergies et caractéristiques qu’il faut cultiver pour apporter des changements efficaces.